L’Orchidée, Danse et Musique Vivantes - Quelques textes
L’Orchidée, Danse et Musique Vivantes - Quelques textes
“ L’Holocène est terminé.- Bienvenue dans... l’Anthropocène ?
1 janvier 2023
Projet 2023 :
L’Orchidée, danse et musique vivantes
‘‘ Danses pour ceux qui sont là...’’
“ L’Holocène est terminé.
- Bienvenue dans... l’Anthropocène ?
Cinq danses entre les lignes d’un Dire en éclats... ’’
1 - « Ômu Komachi - transposition d’un
nô de printemps japonais. »
2 - « Savoir Voir le R ê v e - E a u . »
3 - « I s p a h a n !. . . l a M e r v e i l l e . »
4 - « Aux marges indociles : les champignons
comme espèces compagnes... »
5 - « De Galileo Galilei à James Lovelock. »
“ L’Holocène est terminé.
Cette longue période qui a débuté il y a 11 700 ans avec la fin de la dernière glaciation, cette période caractérisée par une relative stabilité climatique est annoncée comme étant terminée par les experts géologues de la Commission internationale de stratigraphie qui oeuvrent à définir la durée des ères géologiques successives qui composent l’histoire de la Terre. En quittant l’Holocène, nous entrons dans une ère caractérisée par l’incertitude et l’instabilité. Depuis 11 700 ans, Homo sapiens, nous les humains, avons pu compter sur une certaine stabilité climatique et environnementale qui s’avéra propice à l’essor progressif de l’agriculture et au développement des diverses civilisations. Aujourd’hui, désormais, nous entrons dans une ère radicalement différente, que tous les experts scientifiques placent sous le signe de l’imprévisibilité. A cette ère nouvelle, il a été proposé d’y donner différents noms, mais celui qui semble emporter une certaine unanimité est celui d’Anthropocène, l’ère (kainos = cène) des humains (anthropos). En effet, d’après les membres de la Commission internationale de stratigraphie, les marqueurs retenus comme pertinents pour caractériser les traces laissées dans les couches sédimentaires se constituant en ce moment à la surface de la terre, sont ... les microplastiques, les métaux lourds et la dissémination de radionucléides issus des tests d’armes thermonucléaires.
Bien sûr, d’aucun(e)s, telle la philosophe américaine Donna J. Haraway ( Staying with the Trouble - 2016 / traduction française - 2020 : Vivre avec le trouble, pages 220-221), ne manque pas de dire que :
« Dans «Féral Biologies» (une récente communication de colloque), l’anthropologue Anna Tsing a suggéré que le point d’inflexion entre l’Holocène et l’Anthropocène pourrait correspondre à l’élimination de la plupart des refuges où divers assemblages d’espèces ( au sein desquels on peut éventuellement retrouver des humains) peuvent se reconstituer après des évènements majeurs (comme une désertification, une coupe rase...). Cette idée est parente des propos de Jason Moore (le coordinateur du World Ecology Research Network) lorsqu’il affirme que le temps de la nature bon marché touche à sa fin. L’extraction et la production (au sein) du monde contemporain, se fondant sur un tel avilissement, n’en ont plus pour longtemps; la majeure partie des ressources terrestres ont été asséchées, brûlées, appauvries, empoisonnées, exterminées ou, le cas échéant, épuisées. Des investissements colossaux et des technologies extrêmement innovantes (immensément destructrices aussi) repousseront probablement l’échéance. Cela ne change rien à l’affaire : c’en est fini de la nature bon marché.
Anna Tsing fait correspondre l’Holocène à la longue période durant laquelle les refuges biologiques, les lieux de refuge, existaient encore et même abondaient. Dans une riche diversité culturelle et biologique, les mondes s’y reformaient.
Le scandale qui mérite de se voir nommé Anthropocène a sans doute trait à la destruction des temps et des lieux où les êtres humains et les autres bestioles pouvaient se réfugier. Je ne suis pas seule à penser que cet Anthropocène, à l’instar de la limite K-Pg entre le Crétacé et le Paléogène, est un évènement limite plutôt qu’une époque. Il indique des discontinuités extrêmes : ce qui vient n’est pas à l’image de ce qui s’est déjà produit. Nous devons, je pense, faire en sorte que l’Anthropocène soit aussi court/mince que possible.
Nous devons cultiver ensemble, de toutes les manières imaginables, des époques à venir susceptibles de reconstituer des refuges.
En ce moment, la Terre est pleine de réfugiés, humains et non-humains, sans refuge.
(...) Unir nos forces pour reconstituer des refuges, pour permettre une récupération et une recomposition biologiques-culturelles-politiques-technologiques soutenables quoique partielles, voilà une manière de bien vivre et de bien mourir en bestioles mortelles de cette ère qui commence.»
“ L’Holocène est terminé. - Bienvenue dans... l’Anthropocène ?
- Cinq danses entre les lignes d’ un Dire en éclats... ’’
tel est le titre que nous avons choisi pour le projet que nous déploierons
en cinq spectacles différents que nous présenterons à Toulouse
au fil de l’année 2023.
Le premier de ces cinq spectacles s’intitule :
« Ômu Komachi - transposition d’un nô de printemps japonais. » ;
Avec ce spectacle, «Komachi et la réponse du perroquet» nous continuons à nous intéresser à la parole poétique contenue dans la traduction française de livrets de Nô japonais. Le nô est une forme de théâtre japonais masqué datant du XIVème siècle et reposant sur l'énonciation d'une parole poétique portée par un personnage principal, le Shité, un personnage secondaire, le Waki, et un Choeur endossant à la fois le rôle de narrateur et de prolongement de l'énonciation des deux actants en situation . Nous ne prétendons pas présenter un nô; nous en proposons plutôt une transposition à partir des moyens qui sont les nôtres, en nous efforçant d'en respecter l'esprit...
« Source ineffable de mystère, Ono no Komachi, la belle poétesse du IXéme siècle, n’a cessé d’alimenter des légendes autour de sa personne ... » (Armen Godel -1997).
Dans ce nô, Komachi, agée de quatre-vingt-dix-neuf ans, erre sans abri et vit de mendicité. Le nouvel empereur, féru de poésie, lui envoie un émissaire pour quérir de sa part un poème en réponse à celui qu’il a lui-même composé...
Ce spectacle sera présenté le dimanche 5 février.
Le second spectacle s’intitule : « Savoir Voir le R ê v e - E a u . »
Quand, en Australie, un peintre Aborigène réalise une peinture qu’il intitule : ‘‘Water Dreaming in Napperby’’ / ‘‘Rêve Eau à Napperby’’ ou encore ‘‘Rêvance de l’Eau à Napperby’’, il nous raconte quelque chose de primordial!... Quelque chose que nous avons peut-être eu tendance à oublier : L’une des conditions premières à la préservation de nos existences sur Terra est la prise en considération de notre dépendance au Rêve-Eau. C’est au Rêve-Eau que nous devons notre présence possible, aujourd’hui, sur la Terre. C’est au Rêve-Eau que nous devons la perpétuation et le maintien de cette planète vivante. Sans le Rêve-Eau, nous ne serions tout simplement pas là!...
‘‘I hear the Water Dreaming’’/ ‘‘J’entends l’eau rêver’’, ‘‘J’entends le Rêve-Eau’’, c’est le titre que le grand compositeur contemporain japonais Takemitsu Toru a donné à l’une de ces compositions musicales, inspirée justement par la toile de ce peintre Aborigène, Clifford Possum Tjapaljtarri.
Le Rêve-Eau n’a pas fini de circuler, et de fertiliser les sols qui y sont propices!... Nous tenterons de participer à notre mesure à cette mise en circulation du Rêve-Eau... dans nos consciences.
Ce spectacle sera présenté le dimanche 2 avril.
Le troisième spectacle, s’intitule :
« I s p a h a n !. . . l a M e r v e i l l e. »
... , disait-on en sa période de splendeur. Une ville-oasis dans le désert brûlant du centre de l’Iran. Une ville-jardin. Une ville-Paradis. Le mot nous vient d’ailleurs du Persan : ‘Pairi daeza’’ / ‘‘entouré d’un mur’’... Pourtant, il n’y a désormais plus d’eau sous les ponts d’Ispahan. Subsistent encore quelques beaux jardins...
‘‘Ce matin, mon jardinier, blanc de peur, chez moi se précipite...’’ ... avec ce spectacle, nous tâcherons d’entrevoir de quoi il retourne !...
Ce spectacle sera présenté le dimanche 14 mai.
Le quatrième spectacle s’intitule :
« Aux marges indociles :
les champignons comme espèces compagnes... »
Il s’inspire d’un texte éponyme très stimulant de l’anthropologue sino-finno-américaine Anna Lowenhaupt Tsing (1952...). Si l’on peut certes considérer que les céréales ont domestiqué les humains ... qui les ont à l’origine domestiquées, on peut aussi se penser encore relié(s) au monde sauvage et libre des champignons, se déployant aux marges indociles de nos agricultures intensives et de nos élevages concentrationnaires ... Il suffit alors peut-être pour cela de partir se balader en forêt, un panier à la main...
Ce spectacle sera présenté le dimanche 15 octobre.
Le cinquième spectacle s’intitule
« De Galileo Galilei à James Lovelock. »
Il y sera question de la conception du monde qui était celle dominante en Occident avant Galilée (1564-1642), et de ce que le passage “d’un monde clos à l’univers infini’’, pour reprendre la belle formule d’Alexande Koyré, a produit depuis comme transformations radicales dans notre rapport au monde, et ce, jusqu’aux conséquences écologiques actuelles qui nous obligent à questionner et à revisiter un certain nombre de notions que nous avions prises pour acquis et qui s’avèrent dans les faits plus problématiques que nous ne l’avions imaginé, nous obligeant désormais à modifier notre regard sur le monde et à devoir dans l’urgence nous repenser dans l’univers infini comme les habitants précaires d’un monde aux ressources et aux conditions d’existence... limitées! ... Avec ce spectacle, nous croiserons aussi la figure de James Lovelock (1919-2022), ce grand scientifique anglais à qui l’on doit l’émergence de la Théorie Gaïa, la première tentative d’appréhension complexe et globale du système-Terre.
Ce spectacle sera présenté le 26 novembre 2023.
“ L’Holocène est terminé. -
- Bienvenue dans... l’Anthropocène ?
Cinq danses entre les lignes d’ un Dire en éclats... ’’
Ce projet se déploiera donc en
cinq spectacles différents,
présentés de façon échelonnée
au fil de l’année 2023.
Il mobilisera la participation de neuf artistes différents, trois artistes par spectacle, soit, suivant les spectacles
les comédiennes : Dominique Bru ou Malika Gessinn ou Yasmina Benjelloun,
les musicien(ne)s : Masako Ishimura (flûtes traversières), Thierry Di Filippo (oud et handpan), Rebecca Féron (grande harpe), Elise Esther (harpe celtique), Fady Zakar (rubâb, sarod, sindhi, sarangui, flûtes... ),
et le danseur Roland Paulin.
Les cinq spectacles seront présentés dans le cadre de
‘‘Danses pour ceux qui sont là...’’,
programme annuel de spectacles gratuits,
qu’assumera et portera L’Orchidée, danse et musique vivantes
pour la vingt-quatrième année consécutive, en cette année 2023,
à l’adresse du tout-venant des publics curieux et intéressés,
et en particulier de publics ne fréquentant pas
ou peu les salles de spectacles
et ce grâce au soutien
de la Ville de Toulouse
et du Conseil départemental de la Haute-Garonne.
Les cinq spectacles gratuits seront présentés
au Local,
64, rue Alfred de Musset, à Toulouse,
dans le quartier des Minimes.
à 18h, les dimanches :
5 février, 2 avril, 14 mai,
15 octobre et 26 novembre 2023.
(Toulouse, le 7 octobre 2022)