L’Orchidée, Danse et Musique Vivantes - Quelques textes
L’Orchidée, Danse et Musique Vivantes - Quelques textes
17 mai 2021
“Habiter avec le trouble,
et vivre en (ré)générant des entrelacs dans ce monde irrémédiablement perturbé...
- Quatre danses, entre les lignes ... d’ un Dire en éclats... ’’
L’Orchidée, danse et musique vivantes - Présentation et note d’intention du projet 2021
Projet 2021 : L’Orchidée, danse et musique vivantes
‘‘ Danses pour ceux qui sont là...’’
“Habiter avec le trouble,
et vivre en (ré)générant des entrelacs
dans ce monde irrémédiablement perturbé...
- Quatre danses, entre les lignes ... d’ un Dire en éclats... ’’
1 - Figure «de nô» de Charles Darwin, naturaliste anglais (1809 -1882)
2 - « Le Peintre aux fleurs de pruniers ».
3 - Figure «de nô» de John Dewey, philosophe pragmatiste américain (1859 -1952).
4 - Transposition d’un nô d’automne : Tôru.
« Habiter avec le trouble, et vivre en (ré)générant des entrelacs dans ce monde irrémédiablement perturbé... - Quatre danses entre les lignes d’un Dire... en éclats! », tel est le titre de notre projet pour 2021.
En effet, notre dire, notre récit, notre projet... d’un monde meilleur, notre vision et notre attente du progrès sont désormais ... en éclats, ont désormais littéralement « éclatés » !
Ce qu’il nous reste aujourd’hui, ce qu’il nous « revient », c’est de
« Staying with the trouble », d’habiter, de rester avec le trouble, de nous efforcer de vivre dans et d’essayer de régénérer des entrelacs... dans ce monde irrémédiablement perturbé !
Notre possible, frêle et unique perspective réside sans doute dans l’amorce d’une compréhension et d’une mise en œuvre pratique de ce que peut signifier : « vivre en (ré)générant des entrelacs » ; ces entrelacs que nous avons passablement eu tendance à ignorer, «forts» de notre conception du monde qui tendait à placer uniquement l’humain en son centre, et à valoriser de plus en plus, depuis près de deux siècles, la liberté de l’individu atomisé.
Mais ce temps est sans doute en passe d’être partiellement révolu.
Cette époque de notre autosuffisance arrogante est appelée à irrémédiablement s’effriter face à « l’intrusion de Gaïa » (Isabelle Stengers – 2009). Gaïa, le grand entrelacement bio-physico-chimique qui préside à l’autorégulation des températures et du climat à la surface de Terra, la planète ; Gaïa, cette interaction dynamique complexe de boucles de rétroactions positives et négatives qui, interfèrant les unes avec les autres, opèrent par les effets de leurs stabilisations complexes un certain
« équilibre », conditions d’une certaine stabilité telle qu’elle a pu s’avérer favorable au déploiement de la vie, à l’essor de nos sociétés - humaines et non humaines - et de nos civilisations depuis 11 000 ans, cette ère géologique aujourd’hui révolue que l’on nomma l’Holocène.
Aujourd’hui, bien tardivement au regard des destructions massives déjà effectuées par les effets de l’industrialisation intensive de nos activités humaines, nous découvrons et prenons peu un peu conscience de notre interdépendance avec tous ce qui constitue la trame du vivant, enchevêtrements complexes de dimensions multiples reliées et entrelacées qui opèrent et maintiennent actives les dynamiques des mécanismes de la vie.
Aujourd’hui, peu à peu, il devient patent que nous sommes liés à tout ce qui vit avec nous sur cette terre.
Nous découvrons peu a peu que nous sommes liés, reliés, dépendants dans nos conditions d’existence et de confort à d’autres êtres, non-humains, visibles parfois, mais aussi souvent invisibles (le microcosme) qui nous
« environnent » et finalement, au bout du bout, ... qui nous composent !
Les découvertes scientifiques les plus récentes dans le domaine de la microbiologie font en effet état que nous sommes bien
« Tous entrelacés ! » (Eric Bapteste - 2017 ),
humains et non-humains liés, reliés, enchevêtrés !
La vie même procéde de cet enchevêtrement complexe qui est le fruit du
« Jeu du hasard et de la complexité » ( Philippe Kourilsky - 2015)
... « Etonnant vivant » (ouvrage collectif dirigé par Catherine Jessus - 2017).
« Vivre en (ré)générant des entrelacs » c’est donc redevenir un peu humble et essayer de réapprendre les chemins par lesquels la vie se régénère, les processus tâtonnants qui tentent d’en assumer la résilience, d’en maintenir et restaurer l’efficience, et de travailler ainsi « sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme » (Anna Lowenhaupt Tsing - 2015), dans ce monde tel qu’irrémédiablement perturbé.
« Vivre avec le trouble» (Donna Haraway - 2016 / 2020 pour la traduction en français), donc !... Tout a programme !... Faute de mieux !...
Car il est de toute évidence trop tard pour un certain nombre de mieux !...
Le projet que va s’employer à déployer L’Orchidée, danse et musique vivantes en 2021 se place, on l’aura compris, sous le signe de la lecture de la traduction récente en français du livre paru en 2016 de la philosophe des sciences américaine Donna J. Haraway : « Staying with the Trouble »,
« Vivre en restant dans/avec le trouble ».
De cette ô combien riche lecture, notre projet tentera de tirer des implications que nous nous efforcerons de rendre actives dans la réalisation de notre projet.
Les quatre spectacles envisagés prolongent l’exploration autour de l’art du nô que nous avons entreprise depuis quelques années
( en 2009, « D’après «Au Puits de L’Epervier » l’un des nô composé par l’auteur et poète irlandais Yeats;
en 2015, transposition de quatre nô japonais (Tomoé, Kakitsubata, Semimaru, Matsukaze);
en 2016 transposition de deux autres nô japonais (Ômu Komachi, Tsunémasa);
en 2020, «Vers le nô!... », Figure «de nô» de John Dewey, philosophe pragmatiste américain (1859 -1952), et un « nô » composé par nos soins : La Forêt aux dix-mille champignons. )
Ainsi, le 23 mai 2021, nous présenterons : ‘‘Figure «de nô» de
Charles Darwin, naturaliste anglais (1809 -1882).’’ - que nous n’avons pas pu présenter en novembre 2020 en raison des circonstances sanitaires - et qui se placera dans le prolongement pertinent de la parole portée par la Figure «de nô» de John Dewey dans le spectacle présenté le 14 juin 2020 que nous reprendrons le 28 novembre 2021.
Le 13 juin , faisant suite à ‘‘La Forêt aux Dix-mille champignons.’’, présenté le 18 octobre 2020, nous présenterons un second « nô »
composé par nos soins : ‘‘Le Peintre aux Fleurs de pruniers.’’
A l’automne 2021, le 17 octobre, nous reprendrons ‘‘ Figure «de
nô» de John Dewey, philosophe pragmatiste américain (1859 -1952).’’, que nous avions présenté en juin 2020, juste après le premier déconfinement.
Philosophe américain assez peu connu en France, John Dewey est pourtant l’un des penseurs les plus puissants dans la critique d’un
certain néo-libéralisme. Convoquer sa parole par le travers de sa Figure «de nô» s’est tout à la fois peu à peu et tout à coup imposé comme une évidence ! ... Evidence que nous allons nous efforcer de vous faire partager...
Enfin, le 28 novembre, nous présenterons une nouvelle transposition
d’un nô japonais, Tôru, à partir de l’un des rares exemplaires de sa traduction en français.
Tôru est parait-il un nô dit «de danse»; quoi qu’il en soit, il y est question d’un aristocrate, ancien Ministre, qui, féru de paysages maritimes, en avait «convoqué» un dans la Capitale, faisant composer un jardin comportant une plan d’eau... salée, alimenté par le transport de l’eau nécessaire depuis les rivages océaniques... Le jardin tombé, au fil du temps, en désuétude, y arrive un beau jour un voyageur, qui va y faire une bien étrange rencontre...
Ce projet se déploiera donc en quatre spectacles différents,
présentés de façon échelonnée au fil d’une partie de l’année 2021.
Il mobilisera la participation d’au minimum cinq artistes différents, trois artistes par spectacle, soit, suivant les spectacles
les comédiennes Dominique Bru ou Malika Gessinn,
les musiciennes harpistes Rebecca Féron ou Elise Esther, et le danseur Roland Paulin.
Les quatre spectacles seront présentés dans le cadre de ‘‘Danses pour ceux qui sont là...’’, programme annuel de spectacles gratuits, qu’assumera et portera L’Orchidée, danse et musique vivantes
pour la vingt-deuxième année consécutive, en cette année 2021, à l’adresse du tout-venant des publics curieux et intéressés, et en particulier de publics ne fréquentant pas ou peu les salles de spectacles
et ce grâce au soutien de la Ville de Toulouse
et du Conseil départemental de la Haute-Garonne.
Pour des raisons liées au respect des mesures sanitaires dûes à la pandémie de Covid-19,
ces quatre spectacles gratuits seront présentés
au Local,
64, rue Alfred de Musset, à Toulouse, dans le quartier des Minimes.
à 18h, les dimanches :
23 mai, 13 juin, 17 octobre et 28 novembre 2021.
(Toulouse, le 17 mai 2021)
Bibliographie sélective :
« Vivre avec le trouble », Donna J. Haraway, traduction française en 2020 de « Staying with the Trouble » - 2016.
« Au temps des catastrophes - résister à la barbarie qui vient. », Isabelle Stengers – 2009.
« Le champignon de la fin du monde - sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme », Anna Lowenhaupt Tsing - 2015.
« Tous entrelacés ! Des gènes aux super-organismes : les réseaux de l’évolution », Eric Bapteste - 2017.
« Jamais seul. Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations. », Marc André Selosse - 2017.
« Etonnant vivant. Découvertes et promesses du XXIe siècle », ouvrage collectif dirigé par Catherine Jessus - 2017.
« L’univers bactériel », Lynn Margulis et Dorion Sagan - 1986 / 2002 pour la traduction française.
« Le jeu du hasard et de la complexité » - Philippe Kourilsky - 2015.